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Titre du blog : TPE: Internet et l'industrie musicale
Auteur : blingbling
Date de création : 11-01-2008
 
posté le 12-01-2008 à 12:02:35

I- b)


b) Leur fiabilité

 

    Toutefois méfions-nous! Le groupe Arctic Monkeys, maintes fois cité par la presse comme preuve évidente de la puissance de MySpace dans le développement d'artistes, a révélé ne pas devoir son ascension au fameux réseau social, mais à une signature dans une maison de disques et à une promotion tout à fait classique. L'impact réel de la communication en ligne reste difficile à évaluer pour les artistes connus.

 

 

 

    Comme nous l’avons dit précédemment, les sites de partage de vidéos tels que YouTube ou Dailymotion jouent un rôle essentiel. C'est là qu'on a pu découvrir le clip des Américains d'OK Go. Exécutant une chorégraphie humoristique sur des tapis roulants (cliquez ici pour visionner leur clip), ils ont séduit la planète entière en quelques heures et créé une publicité prodigieuse pour la sortie de leur nouvel album, au demeurant décevant.

 

    Quelques artistes cependant ont réellement réussit grâce à Internet.

 

Première en date en France : Lorie.

En effet, elle signe son premier disque en novembre 2000. Mais quelques semaines après l’enregistrement de ce qui allait devenir le tube de l’été Près de moi, son producteur fit plusieurs démarches auprès de maison de disques qui n’étaient pas convaincues.

Il eu alors l’idée de mettre la chanson en libre accès sur le site Peoplesound.com.

En deux mois la chanson a été téléchargée plus de 15000 fois. Le directeur du site était si étonné de ce succès qu’il en parla à la maison de disques Epic-Sony et fin novembre 2000 Lorie signait pour son premier single "Près de moi".

 

    Le chanteur Shayan Italia a su parfaitement s’adapter au phénomène d’Internet en innovant en la matière.

Ce dernier a en effet vendu à onze actionnaires 40% des parts de son futur salaire de musicien sur eBay, ce qui lui aurait rapporté 722 000 euros d’après ses dires.

        Cette somme lui a permis de ne pas passer par une major du disque pour s’enregistrer, mais simplement par le label MX3 Records.         Ainsi il a échappé à la cupidité d’une maison de disque qui ne penserait qu’à le vendre en tant que produit commercial et non en tant qu’artiste: « J'ai déjà vendu des centaines de choses sur eBay et j'ai compris que les majors du disque n'investissent sur quelqu'un que pour faire des royalties sur son dos », a-t-il expliqué. [dépêche afp du 07/10/2007]

        Si cela fonctionne, les gains devraient être conséquents mais pour l’instant il est encore trop tôt pour en juger : son album n’est en vente que depuis le mois de décembre 2007.

 

        Autre exemple hexagonal: Kamini. A la fin de l'année 2006, un rappeur totalement inconnu déboule sur le net avec un clip tournant en dérision l'image des rappeurs des cités.

Ce jeune artiste (26 ans) relate avec autodérision ses souvenirs de gamin noir dans un minuscule village de l'Aisne, Marly-Gomont.

La vidéo connaît un succès incroyable sur les blogs et forums, où chacun relaie l'information, créant un effet boule de neige.

Plus de 2 millions d'internautes se sont connectés en l'espace de 3 semaines créant un véritable phénomène Kamini.

Quelques jours plus tard, il est l'invité de Canal+ et l'objet d'un reportage dans le «13 heures» de TF1 avant de signer avec Sony/BMG.

Le Time Magazine le désigna par la suite comme l'un des hommes de l'année. Il a également été récompensé aux Victoires de la Musique 2007 dans la catégorie "Meilleur vidéo-clip de l'année".

 

 

 

    Un an plutôt en Angleterre, Lily Allen avait fait sensation par le même moyen : Internet.

Elle signa son premier contrat en 2005 avec Regal Records (une filiale de Parlophone/EMI) mais donna du fil à retordre à sa maison de disques qui voulait faire dans le commercial.

Lily Allen refuse et diffuse alors ses titres sur son MySpace en 2005, tenant par la même occasion un journal où elle informait le nombre croissant de visiteurs sur les derniers événements de sa vie.

De plus en plus de personnes l'ont découverte grâce aux liens échangés par e-mail par les visiteurs au travers des bureaux et des universités. Elle s'est ainsi faite remarquer par le magazine musical britannique NME, de même que par plusieurs sites internet comme musicOMH.com et le blog Popjustice.

Elle a alors obtenu un court article dans le journal The Observer, une interview dans The Guardian ainsi qu'une diffusion d'un de ses titres LDN sur BBC Radio 1 par le DJ Jo Whidley.

Elle monta également sur scène au Notting Hill Arts Club de Londres au début du mois de mai pour un show tous les jeudis soirs pendant 4 semaines.

Suite à tout le buzz [Le Buzz, ou marketing viral, est une technique de communication mettant en place un effet de bouche à oreille auprès de leaders d'opinions] généré, les dates de sortie planifiées furent chamboulées et une édition de la chanson qui sera son premier single LDN est sortie en avril 2006.

En France, Lily Allen apparaît chez les disquaires et sur les ondes en juillet 2006 avec le titre Smile. Très peu de temps après sa sortie, le titre a été utilisé pour la publicité de Club-Internet, un fournisseur d'accès à Internet, ce qui a accéléré l'engouement pour la chanteuse.

Cependant, émettons quelques réserves: elle avait tout de même pour père l'acteur Keith Allen, pour mère une productrice et pour parrain Joe Strummer, le chanteur du groupe mythique The Clash.

 

    Gilles Verlant, journaliste de la radio OUIfm, déclare cependant que « MySpace n’est pas un argument qui me plaît pour dire que tel ou tel artiste marche car il n’y a aucun moyen de vérifier les chiffres. Ce n’est pas vraiment fiable et on ne peut pas dire si un artiste a réellement du succès parce qu’il a un grand nombre de visites sur MySpace. Toutefois, Internet semble être un bon moyen pour percer car de nos jours, on y passe beaucoup de temps, on passe d’une page à l’autre sans trop se poser de questions. Il y a aussi une évolution dans la manière d’écouter de la musique : avant on achetait un album entier, maintenant on préfère écouter une chanson de temps en temps d’un même artiste au lieu d’en écouter un disque entier pendant 50 minutes. On préfère aussi aller vérifier nous-même la qualité d’une chanson ou d’un CD au lieu d’écouter les médias, et Internet rend cela plus facile. Il y a beaucoup plus de possibilités avec la Toile, tout est illimité, on assiste à une réelle révolution qu’il va falloir canaliser. » [cf annexe]

 

    Cette nouvelle manière d'écouter, de concevoir et de consommer la musique entraîne à l'évidence une métamorphose de l’industrie musicale et de ses acteurs.